Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/121

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non un prêtre, mais le prêtre qui dirige les consciences bien nées et met le paradis à la portée des gens riches ; le prêtre qui, de la religion dure, laide, rigoureuse des pauvres, dégage comme une aimable religion des riches, légère, charmante, élastique ; le prêtre qui, de l’idée de Dieu fait quelque chose de confortable et d’élégant.
« Veuillez…
« Edmond et Jules de Goncourt. »

La mort de Henri Mauperin, que Renée a causée involontairement en prévenant le vrai Villacourt de la requête qu’avait adressée son frère à la Chancellerie pour s’approprier son nom, frappe au cœur la jeune fille. Elle apprend, du même coup, que son frère est mort et que c’est elle qui l’a tué : « L’âme de Renée se transfigure au milieu des ruines de son corps. Il se fait en elle des changements divins. L’enfant hardi et moqueur redevient une vierge timide. Comme une guerrière blessée qui redemanderait ses vêtements de femme, Renée reprend, pour mourir, la faiblesse et la douceur de son sexe. Son esprit de lutin, brillant et mobile, revient encore sur ses lèvres, mais tendre maintenant et mélancolique : on dirait un feu follet dansant sur une tombe. Le sentiment qui a rempli sa vie inspire encore ses derniers instants. Témoin du désespoir de son père, elle tente d’héroïques efforts pour le rassurer, feignant le calme, jouant la convalescence, s’épuisant en faux sourires et en projets dérisoires, faisant semblant de vivre au sein de la mort… Cependant la mort s’avance ; à mesure qu’elle approche le récit s’élève et se sanctifie. Les paroles de la malade deviennent plus rares et plus solennelles. De grands silences se font dans sa chambre. On n’y entend plus que le soupir de celle qui souffre et le sanglot de celui qui veille… Ainsi finit par un des plus beaux lits de mort que le roman ait jamais dressés, ce livre étin-