Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/156

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C’est donc un inceste qui fait le dénouement ; ce n’était pas la peine de changer. »

Les Goncourt eussent fait représenter, sur le Théâtre-français, le plus piteux mélodrame ou la priapée la plus éhontée qu’ils n’auraient pas fait remuer plus lourdement le tonnerre inoffensif de la Gazette de France. Elle réservait ses faveurs au Duc Job, qui était alors à l’étude, pièce plate, bourgeoise, sans style, dont le succès a été le vrai scandale littéraire de cette année-là, rue Richelieu. Le Père Félix, dans la chaire de Notre-Dame, allait fulminer, lui aussi, contre la pauvre Henriette.

Il est temps de donner audience aux critiques qui ne croyaient pas que le saint des saints avait été profané et que tout était perdu en France parce que Clodoche et Polichinelle s’étaient trompés de porte, une fois, et brusquement avaient envahi le Théâtre-français au lieu d’entrer à l’Opéra. C’était bien du bruit pour un bal masqué !

P. de Saint-Victor écrivait, dans la Presse, le 11 décembre : « C’est le bulletin d’un guet-apens, ce n’est pas celui d’une défaite. Comment s’expliquer cet acharnement contre deux écrivains d’un talent hors ligne, du caractère le plus honorable, étrangers à toute polémique, renfermés dans le pur culte de l’art et des lettres, qui n’ont jamais fait une avance au succès vulgaire et dont la renommée n’égale pas encore le mérite ? Voilà quinze ans qu’ils travaillent et qu’ils produisent sans relâche, en progrès constant sur eux-mêmes… Ajoutez à tous ces titres l’exemple sympathique d’une fraternité de plume qui rappelle les anciennes fraternités de l’épée et vous vous demanderez quelle prise MM. de Goncourt offraient à la malveillance… Drame en lui-même défectueux sans doute, et qui garde, en