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2 janvier 1881.
Chère madame,

Je ne puis vous dire combien votre bon an affectueux, en ce jour de l’année où je me trouve bien seul, m’a touché profondément.

Je vous retourne, chère madame, ce bon an, avec les vœux pour le bonheur de la mère, de la femme, de la moitié d’auteur, les vœux d’un ami qui s’est donné depuis longtemps au gentil ménage.

Edmond de Goncourt.

M. E. de Goncourt à M. A. Daudet :

Janvier 1881.
Mon petit,

Mardi, à huit heures moins un quart, heure militaire, on sera rendu à son service, en tenue. Puis on ira, de temps en temps, vous frictionner le moral sur les planches, quoique je croie que ce sera du luxe[1]. C’est embêtant, tout de même, cette pièce va être comme la mienne et bonsoir le sang-froid, et enfoncé mon rôle de notateur impassible.

Amitiés émotionnées.

Edmond de Goncourt.

M. E. de Goncourt à Mme A. Daudet :

31 mars 1881.
Chère madame,

Que j’ai de dettes avec vous et comment pourrai-je jamais les payer. Comme votre louange est gentille, délicate, caressante aux endroits sensibles et douloureux, et fait de la louange des hommes, même les plus sympathiques, de la louange de patauds. Vous me condamnerez un jour, moi qui ai souvent dit du mal de l’être féminin, à faire un roman en l’honneur de la bonne, de l’intelligente, de la gracieuse femme, un livre dont la maquette lointaine et masquée d’un loup sera la femme de mon meilleur et plus intime ami des lettres.

Mais ce n’est pas encore ce roman-là dont vous entendrez un morceau mercredi prochain.[2]

Encore une fois, chère madame, merci et croyez-moi votre respectueux ami de cœur.

Edmond de Goncourt.

  1. La première représentation de Jack, pièce en cinq actes, de MM. A. Daudet et Henri Lafontaine, fut donnée, à l’Odéon, le 11 janvier 1881.
  2. La Faustin.