Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

de choléra, et, pendant ce, je pense qu’il serait assez original d’avoir des lettres de faire-part de mon décès fabriquées par l’imprimeur à qui j’ai fait enterrer Chérie[1].

Ce n’était qu’un faux choléra, mais, malgré cela, je suis resté assez souffreteux et, hier encore, j’ai passé les trois quarts de ma journée au lit, et n’ai point dîné. Enfin aujourd’hui, ça va un peu mieux, mais, au fond, le tube digestif est dans un état défectueux. Et voilà ce qui fait que je ne vous ai pas écrit ces jours-ci où j’en avais l’envie et pas le courage.

Ah ! il est bachelier ès sciences, le grand, le beau, le chic Léon. C’est de ce coup-là que je n’oserai plus l’embrasser et je vous en fais compliment, parce que ces gredins d’enfants me semblent donner au père et à la mère leurs émotions d’examens, et, comme ménage d’auteurs, vous en avez assez, vraiment assez !

… N’ajoutez pas à mes remords de n’avoir pas été à Champrosay, de n’avoir pas entendu vos délicates sensations… Ça ne fait rien, je penserai au titre et, si j’en trouvais un digne de votre écriture[2], je vous l’enverrais, quitte à vous de le prendre ou de le rejeter.

Les choses sont bien incertaines cette année. Je ne sais pas si je vais revenir à Paris ou passer encore quelque temps ici…

Au gentil ménage, amitiés tendres.
Edmond de Goncourt.

Si on m’écrivait encore une fois, ce serait gentil, mais, là, bien gentil !

Mme A. Daudet à M. E. de Goncourt :

Néris-les-Bains, Allier, 8 août 1884.
Cher monsieur,

Maintenant nous sommes bachelier ès lettres. C’est donc complet et fini pour cette année, et vous aviez raison de nous plaindre de toutes ces émotions répétées. J’espère bien que

  1. Le roman se termine par la lettre de faire-part de la mort de Chérie. Après le : Priez pour elle, on lit, en caractères du bas de casse :
    Bar-le-Duc, imp. Vve Numa Rolin-Chuquet et Cie.
  2. Fragments d’un livre inédit.