Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ennemi, tuait de sa main un des cavaliers qui le menaçaient et s’ouvrait un passage avec ses hommes, lorsque, succombant au nombre, frappé à la tête de deux nouveaux coups de sabre, il tombait dans son sang et était laissé pour mort. De capitaine au 2e régiment de la Méditerranée, il passait capitaine aide de camp du général Roussel d’Hurbal et faisait avec lui la campagne de Russie où il avait l’épaule droite cassée d’un coup de feu, le lendemain de la bataille de la Moskova. À vingt-six ans, en 1813, il était officier de la Légion d’honneur et chef d’escadron. Dans l’armée, on le comptait parmi les plus jeunes officiers supérieurs qui avaient le plus bel avenir, lorsque la bataille de Waterloo brisait son épée et ses espérances… »

À la fin du mois de juin 1821, le chevalier Marc-Pierre de Goncourt épousait Mlle Annette-Cécile Guérin, née à Paris, le 30 fructidor an vi (1798). Elle était âgée de vingt-trois ans. Sa dot, honnête pour l’époque, était de quarante-quatre mille francs. Lui apportait dans la communauté, en sus de sa demi-solde, dix-sept mille francs, plus une ferme à Brinvilliers rapportant, par année, trois cents décalitres de blé et trois cent soixante décalitres d’avoine ; de plus, une autre ferme, à Brévannes, rapportant deux cent deux décalitres de blé et deux cent quarante décalitres d’avoine, ainsi qu’il fut minuté dans le contrat de mariage, en date du 27 juin 1821, minuté par Me Buchère et son collègue, notaires à Paris.

Les jeunes époux furent s’installer à Bourmont. Puis « sa mère morte, à l’étroit dans cette petite ville où rien ne le retenait plus (Marc-Pierre), auquel le séjour de Paris était interdit, vendait la maison de Bourmont, les petits terrages qu’il avait dans le pays, à l’exception d’une ferme… et allait vivre, avec sa jeune femme,