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livre qui viendra plus tard : la Femme au dix-huitième siècle… Ce qui n’empêche pas le portrait de la vieille femme d’autrefois d’être un morceau achevé qui fait penser à un Latour ou à un Perroneau : « En son corps délabré et misérable rit doucement la gaieté de l’esprit. Sur ses lèvres le passé voltige et refleurit en ressouvenirs enjoués, et un verbe garçonnier et pétulant pare d’un charme perdu la vieille femme du passé. Autour du tonneau de soie où elle vit l’hiver, voyez aussi que de blondes, que de brunes têtes se pressant ! Et la vieille femme appareille les jeunesses, réconforte les ennuis, console les chagrins en les badinant, jette à toutes ces oreilles roses, penchées tour à tour vers elle, mille leçons de la vie, mille conseils de morale sociale, mille enseignements légers et profonds ! Ne dirait-on pas une fée bienfaisante mal cachée sous un masque de rides, et dont le jeune sourire et la raison aimable démentent les sourcils blancs ? C’est le confessionnal plein d’absolution où les folies et les désirs se confessent. C’est la mère des amours. C’est un pont jeté entre les deux sexes, ou plutôt c’est un sexe neutre : un vieillard avec l’enchantement de la femme ! »


VI

Histoire de la Société française pendant la Révolution
et le Directoire.

La publication des Maîtresses de Louis XV que les Goncourt annonçaient comme prochaine, en prenant congé des lecteurs du Paris, n’a pas suivi immédiatement leur retraite du journalisme. Un autre projet