Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sace et de la Flandre ; les lettres désolées de Mercy, serviteur fidèle de Marie-Antoinette, qui fatigue le roi de Prusse et l’empereur de sollicitations pressantes, de projets d’intervention qui restent sans réponse. Une lettre surtout, datée du 11 octobre 1793, c’est-à-dire antérieure de cinq jours seulement à l’exécution de la Reine qui est du 16, rappelle qu’aucune démarche pour l’échange et le rachat de la prisonnière n’a été tentée auprès de la Convention, et, visant une supplique du 17 septembre, se termine par ces mots : « J’y exposai tout ce que l’imagination et mon zèle purent me suggérer pour prévenir une grande catastrophe. Jusqu’à ce jour, je n’ai reçu ni réponse ni direction sur cet objet. » Et Mercy, en finissant, renouvelait ses instances pour obtenir une intervention des neutres.

Tout ceci n’explique que trop le mot de Mallet du Pan au sujet de la mort de la Reine : « Les cours ont paru si peu s’occuper de cette catastrophe que le public en a bientôt perdu la trace. »

Il n’y aurait donc que quelques détails secondaires à reprendre et à modifier pour mettre Marie-Antoinette absolument au courant des découvertes récentes. La figure principale demeure stable. Les différents portraits que les auteurs ont faits d’elle, aux époques marquantes de sa vie, ont l’allure majestueuse des portraits d’histoire : ils sont faits de larges lumières modelées dans de grandes ombres. Mais il eût été bien triste que les auteurs oubliassent les grâces et l’esprit du dix-huitième siècle quand il s’agissait de peindre une princesse qui a été sa personnification la plus haute, sinon la plus charmante et la plus artiste. Aussi, subissant la grâce du modèle et l’émotion de sa beauté, ont-ils quitté parfois les pinceaux pour crayonner des sanguines ou des pastels.