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le livre de désir

lande, où Dorietta, heureuse de régner enfin seule, ne trouvait dans son ami qu’un jeune insensé. — L’abondance légère de la tristesse autour d’eux le calmait, donnait quelque régularité à ses gestes, les approchait de la caresse et lui emplissait l’âme du plaisir d’aimer. Ces fadeurs lui paraissaient moins irritantes sur une contrée sans écho, où rien n’est occasion, où nul objet au long du chemin, n’insiste sur la souffrance, ne la ridiculise. Il n’imaginait qu’une libre, nette, obsédante fantaisie. Il y consentait, monsieur, comme on doit mourir. Sans doute alors, nul ne voit plus la vie que comme un champ désolé d’où rien n’intéresse sinon, soi. Et tout le corps se tend, pour approcher un inconnu qu’on peut appeler « d’amour »… Car tous deux, pays de l’enchantement, îles noires des dieux inférieurs, s’atteignent par l’ardeur, de