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112 MANTITHÉE

et prêta le serment non seulement pour cet homme, mais encore pour le frère de cet homme, qu’elle déclara tous deux être les enfants de mon père. Après cela, il fallait bien les faire recevoir tous deux dans la phratrie, et il n’y avait plus rien à dire. Mon père les fit donc recevoir, il les adopta, et pour couper court sur ce qui s’est passé dans l’intervalle, il fit inscrire à la phratrie, lors des fêtes apaturiques(3), cet homme que voici sous le nom de Bœotos, cet autre sous celui de Pamphilos. Pour moi, j’avais été inscrit sous le nom de Mantithée. Puis mon père étant venu à mourir avant l’inscription sur les registres du dème, cet homme se présenta devant l’assemblée du dème et s’inscrivit lui-même sous le nom de Mantithée, au lieu de celui de Bœotos. Quel tort il a fait en cela à moi d’abord, et ensuite à vous, c’est ce que je vais vous montrer lorsque je vous aurai produit les témoins de ce que j’avance.

TÉMOINS.

Vous venez d’entendre les témoins qui vous ont dit comment mon père nous a fait inscrire. Je vais vous montrer maintenant que j’ai eu raison d’intenter cette action, et que j’y suis même forcé par la conduite de mon adversaire qui ne veut pas se tenir en repos. Certes je ne suis pas assez dépourvu d’intelligence et de bon sens pour lutter au sujet d’un nom, lorsque j’ai consenti à partager avec eux les biens de mon père qui m’appartenaient en entier, et à me contenter du tiers de ces biens, par respect pour l’adoption que mon père avait faite. Je n’aurais donc pas engagé cette lutte si j’avais pu changer de nom sans déshonneur et sans lâcheté, et si laisser Bœotos porter le même nom que moi n’était chose impossible pour bien des raisons.