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créait notre système judiciaire avec ses Tribunaux de première instance et ses juridictions d’appel.

La République ne se laissa point troubler ni détourner de ses utiles travaux par les menaces et les violentes agressions de l’Europe monarchique coalisée contre elle. Elle savait qu’elle pouvait compter, pour sa défense, sur le bras de ses enfants. En effet, au cri de la Patrie en danger, se levèrent en masse, d’un bout à l’autre du territoire, des hommes au cœur vaillant, à l’insurmontable endurance, à l’irrésistible courage, « héroïques va-nu-pieds », qui dans un prodigieux élan culbutèrent les armées ennemies et contraignirent les étendards des vieilles royautés européennes, à s’abaisser et à fuir devant les radieuses couleurs de notre jeune drapeau.

Je ne puis oublier, en ce moment, que dans les rangs de ces phalanges victorieuses, figurait ce grand Breton, âme généreuse, chevaleresque et patriote qui, le 27 juin 1800, tomba fièrement à la tête de la 46e demi-brigade dans les champs d’Oberkausen. L’armée, à laquelle s’associait la France tout entière, saluait récemment son image à Carhaix sur les hauts plateaux de nos landes armoricaines, et ne continue-t-elle pas, par un usage désormais séculaire, à lui rendre chaque jour un solennel hommage, lorsque devant la troupe assemblée, à l’appel du nom de Théophile-Malo Corret de la Tour d’Auvergne, premier grenadier de France, on répond : Mort au champ d’honneur.