Page:Depasse - Challemel-Lacour, 1883.djvu/22

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confier qu’à M. Challemel-Lacour la tâche difficile d’administrer la ville de Lyon.

M. Challemel, dans cette grande et orageuse cité, au milieu du feu des passions les plus vives et les plus opposées, déploya des qualités de premier ordre, une énergie, un courage à toute épreuve, une volonté supérieure. Ce n’est pas sans une certaine épouvante, selon sa propre expression, qu’il avait accepté dans de telles circonstances la mission de gouverner une telle ville. Lyon, qui avait devancé Paris même dans la proclamation de la République, éprouvait au plus haut degré ce sentiment qui fait que dans les désastres communs chacun ne compte plus que sur soi-même et entreprend de se sauver par ses propres forces.

Alors toute hiérarchie est brisée, toute discipline anéantie. Au fond de chaque conscience, de chaque esprit, s’agite une terrible et unique question qui ne laisse de place pour aucune autre, qui chasse tout respect de l’autorité, tout amour des lois, tout sentiment de devoir : c’est la question de l’existence même. Chaque individualité, chaque partie de l’État, chaque province, chaque commune, revendique son indépendance, son autonomie. Tout ce qui vit