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Son accent, sa voix, qui ne possède pas la grande ampleur, a un nerf extraordinaire ; elle coupe et tranche, elle sonne d’un ton métallique qui ne s’oublie pas quand on l’a une fois entendue. Il semble qu’il y ait chez lui entre ces trois choses : la parole, le style et la voix, une concordance d’une absolue justesse. C’est là, probablement, l’unité vivante d’un esprit qui s’est discipliné par un travail opiniâtre, avec une inflexible méthode. Dans une assemblée orageuse et mêlée, M. Challemel-Lacour doit avoir une faiblesse qui est grave, c’est sa perfection même qui est désespérante. Cependant on l’a vu plus d’une fois, pris à l’improviste par une interruption, la relever et réussir en maître dans ces larges développements progressifs qui enveloppent les grandes réunions d’hommes et les emportent en leurs replis ondoyants et superbes. Mais même alors, il a peu d’écume et sa tempête est gouvernée d’une main ferme.

En janvier 1876, M. Challemel-Lacour fut élu sénateur des Bouches-du-Rhône. Il prit part, comme sénateur, à la discussion de la loi sur la collation des grades et prononça un remarquable discours sur la politique de l’É-