Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/18

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Martin comprit que, pour lui, il avait trouvé sa pensée maîtresse, que c’était là sa vocation, la veine, la mine d’où il allait tirer la gloire et faire sortir l’édifice de sa vie. Il s’obstina et, de 1834 à 1836, il continua seul la publication de l’entreprise commune, qui changea bientôt de forme et de caractère. Il quittait à son tour cette trame immense, n’en conservant que les faits, les notions authentiques, la série exacte des choses et la passion irrésistible de l’histoire. Il se dit que lui-même il écrira aussi, qu’il n’est pas né pour recoudre toute sa vie les lambeaux des livres d’autrui et qu’il saura bien se faire sa place parmi ces historiens célèbres dont il recueille depuis si longtemps les meilleures pages. Au lieu de poursuivre sa compilation, il se met dans les rangs de ceux que l’on compilera et pillera.

Quand il eut achevé en trois ans une histoire de France jusqu’en 1789, il comprit qu’il n’avait devant lui qu’une ébauche et qu’il fallait se remettre sérieusement à l’œuvre.

Alors commença à paraître, volume par volume, cette grande histoire, si calme, si pure, si large, si honnête, si sincère, portée d’année en