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POUR LA BÉNÉDICTION DES CLOCHES.

avec Dieu. Remarquons avant tout que, de soi-même et par sa nature, la Cloche a je ne sais quelle harmonie vague, mystérieuse, qui tire l’âme des réalités d’ici-bas, qui la jette dans une sorte de rêverie sublime, qui la transporte dans des régions nouvelles, les régions de l’immense et de l’illimité. En entendant le marteau des forgerons, Pythagore se prenait à rêver du nombre, de l’ordre, du beau, du divin. En entendant les sons de la Cloche au faîte de nos temples, quel homme, s’il n’a brisé en soi la fibre des sentiments élevés, ne se prend à rêver à quelque chose d’infini qui n’est pas du temps, qui n’est pas de la terre, qui est Dieu même ? La voix de la Cloche ressemble à toutes les grandes voix de la nature, à la voix des forêts, à la voix des fleuves, à la voix des tempêtes. Elle retentit à l’âme comme ces voix dont le Prophète a dit : « Voix du Seigneur dans sa force, voix du Seigneur dans sa magnificence, » Vox Domini in virtute, vox Domini in magnifi-