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la verdure dorée

LXXXVIII


Oui, je chante la joie ivre et passionnée
Et je noue à ma barbe une rose fanée
Pour songer nuit et jour qu’il faudra que mon corps
Se dissolve comme elle et quitte les décors
Fastueux où le monde épanouit sa force.
Je m’en irai. Je tomberai comme l’écorce
Des platanes, comme les feuilles, comme les
Roses ! Je suis vivant ! Ciel, nuages gonflés
D’eau lourde, bois roussis par les torches d’automne,
Vergers où l’or vivant des abeilles bourdonne,
Fruits riches, souvenirs d’un magnifique été,
Moissons, je vous respire avec avidité
Et je mêle ma vie au triomphe des choses,
Éperdu comme les feuilles, comme les roses !