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sitive et si formelle n’empêcha point qu’il fût ordonné et sacré par Théophile et les évêques de la contrée.

Sezomène, historien du IVe siècle, rapporte que l’évêque Spiridion, que l’Église a mis au rang des saints, ne s’acquittait pas des devoirs de sa charge avec moins de zèle et de succès, quoiqu’il eût femme et enfants.

Enfin, par une heureuse coïncidence, comme nous mettions la dernière main à ce travail, nous trouvons les détails suivants dans un article du Moniteur de samedi :


» Le pape Adrien II se plaignit auprès de Charlemagne de ce que les évêques en Italie contractaient des mariages. Au concile de Metz et de Mayence, des plaintes nombreuses se firent jour, sur ce que les clercs vivaient avec des femmes étrangères, décorées de la qualité de mères ou de sœurs, et sur ce que plusieurs d’entre eux menaient une vie incestueuse avec leurs parentes les plus proches. En Angleterre, en Italie, en France, le mariage des clercs ne pouvait être extirpé, malgré tous les efforts des pouvoirs séculier et spirituel, lorsqu’un jour le moine Hildebrand monta sur le trône de Saint-Pierre. Grégoire VII arrivait avec cette pensée gigantesque de soumettre le monde civilisé tout entier à la domination de Rome. À cet effet, il jugea avant tout nécessaire de détacher le clergé de tout lien avec le monde, de ne lui laisser d’autre famille que l’Église, d’autre patrie que Rome, d’autre souverain que le vicaire de Saint-Pierre. Grégoire VII voyait tout cela dans le célibat des clercs, et il y voyait, en outre, un excellent moyen de conserver intacts les biens de l’Église. À peine donc le nouveau pape avait ceint la tiare (en 1073) qu’il lança les foudres de l’excommunication contre tout clerc engagé dans le lien conjugal, et en même temps contre tout laïque qui entendrait dire la messe par eux. Grande fut la terreur du clergé, comme nous l’attestent les annalistes de ce temps, plusieurs archevêques et évêques, le légat du pape lui-même, se mirent en danger de mort, en soutenant le décret pontifical. L’évêque de Constance s’y opposa ouvertement en autorisant son clergé à se marier ; le synode tenu à Paris, en 1079 alla même jusqu’à déclarer hérétique quiconque interdirait le mariage des clercs, et, à Cambrai, on brûla un moine qui prit la défense de la bulle papale. Mais Grégoire persista, et, sauf quelques exceptions en Suède et en Hongrie, où les mariages des prêtres se maintinrent jusqu’au XIIIesiècle, le célibat du clergé était devenu la règle absolue en Europe au XIIe siècle. »

Extrait d’un mémoire de M. Koenigswarter, sur le mariage dans son développement universel et historique, lu à l’une des dernières séances de l’Académie des sciences morales et politiques.)


Ces exemples pourraient se multiplier à l’infini. Il y plus : l’his-