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Toi qui devins grand arbre avant d’être arbrisseau,
Toi qui fus, comme Hercule, un géant au berceau.


Tandis que dans ton sein bouillonnait tant de sève,
Que ta splendeur tenait du prodige et du rêve,
L’Europe vieillissait, voyant, à son déclin,
Les feux de l’Orient dans le ciel de Franklin.
Elle ne jugeait pas qu’il fût indigne d’elle
De demander aux fils quelquefois un modèle,
De forcer son orgueil à suivre leurs leçons ;
Mais quand l’écho lointain lui rapportait les sons
Des chants d’indépendance et des paroles libres,
Un sympathique élan tressaillait dans ses fibres.
La noble Liberté, vierge aux baisers amers,
Semblait avoir franchi les espaces des mers
Et, comme au but choisi, sur tes plages nouvelles,
Terminé son voyage et reployé ses ailes.
Le vaisseau l’Union promenait fièrement
Son drapeau constellé comme le firmament ;
Image d’un beau ciel qui, dégagé de nues,
Sème ses astres d’or en gerbes inconnues :
Chacun le saluait, tout port s’ouvrait à lui
Lorsque sur son azur le soleil avait lui.