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Lorsque l’Europe en feu se tordait dans la guerre,
Quand le sang se faisait fleuve comme le Rhin,
L’Amérique croisant ses bras disait naguère :
« Malheur à qui n’entend que des bouches d’airain ! »

Et maintenant brillent les armes,
Les clairons jettent leurs vacarmes,
Les mères répandent des larmes
Que ne connaissaient pas leurs yeux ;
La Discorde, démon farouche,
Met de l’écume à chaque bouche.
Hourrah ! le soleil ne se couche
Que sur des corps silencieux !…

 
Ô catastrophe étrange ! ô funèbre misère !
Ô mesquins intérêts qui semez la rancœur !
Ô glaive, dont la garde est aux mains de deux frères !…
Que ne t’es-tu brisé, rien qu’en sentant leur cœur !


De leurs fils vos cités sont veuves :
Instruits par nos longues épreuves,
Ferez-vous des ruines neuves,
Vous, peuple d’hier, vous, enfants ?
Sur les débris des villes fortes
Prenez garde que les cohortes
Ne jettent les libertés mortes
Aux pieds des Césars triomphants !