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Ce n’est plus seulement la fièvre de dispute
Courant du Sud au Nord ;
Ce n’est plus la rumeur des meetings : c’est la lutte,
La lutte sans remord.
Ce ne sont plus les cris ni les paroles aigres
Échangés au Congrès :
Il s’agit de choisir… Eh bien ! d’abord les nègres,
Et la patrie après !
Yankee ou Mohican, lequel est le sauvage ?
De libres citoyens
Ont mis sur cet enjeu qui s’appelle esclavage
Et leur vie et leurs biens !


Ah ! vous ne savez pas que d’éternelles haines
Jailliront du débat.
La fausse Liberté qui veut river des chaînes
Périt dans le combat.
Car c’est une marâtre aux mamelles arides,
Émonide aux yeux creux,
Une idole au front vil et labouré de rides,
Une hydre aux plis affreux.
Elle suce le sang de la race africaine
Et dit à l’homme noir :
« Ton être m’appartient, à moi républicaine ;
« Souffre, — c’est ton devoir.
« Féconde mes sillons de ta sueur infâme,
« À ma glèbe attaché,