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Bien des combats livrés sur un terrain glissant
Qui ne s’affermit point qu’avec l’engrais du sang.


De nomades tribus, familles isolées,
Se sont par l’alliance ou la guerre mêlées :
Qui sait leur nom ? — Le sable a, de ses plis mouvants,
Couvert l’œuvre et les pas de ces jeunes vivants.
Connaîtrons-nous jamais la Genèse des races
Mortes jusqu’au dernier sans laisser de leurs traces,
Et sur ce globe, alors peuplé par les frayeurs,
L’effort silencieux des obscurs travailleurs ?


Les cités, dont le front porte un bandeau superbe,
Comme la fleur alpestre ont végété sous l’herbe.
D’un camp, où s’abritaient quelques hâves bandits,
Surgit le Capitole, aux triomphes prédits.
Paris, fils de Lutèce, enfermé dans une île,
A pris péniblement sa couronne de ville.
Avant que les remparts aient décrit leurs contours,
Avant que dans les airs aient pu monter les tours,
Avant que les clochers, ces messagers de pierre,
Jusqu’au trône céleste aient porté la prière,
L’homme doit pas à pas conquérir son séjour
Et traverser la nuit sans espérer le jour.