Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/54

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intelligent, divinateur et réparateur, qui n’est que l’émotion la plus délicate et la plus vive en face de tant

de belles choses (i) » Dans ce dénombrement des

gardiens jaloux du flambeau sacré, je serais suspect en nommant ceux qui sont pour ainsi dire commis par la race et par la vocation à ce ministère ; ces érudits qui nous ont fait la science du passé si attrayante et sympathique, un Egger, un Renan, un Chassang, un Boissier, un Beulé, un Martha, un Taine. Je ne parlerai pas non plus de ces néo-grecs dignes de figurer dans une école d’Athènes, Leconte de Lisle, et avant lui Maurice de Guérin, le dernier des poëtes orphiques, et de Laprade, le fils inspiré d’Éleusis et d’Alexandrie. Tous ceux que l’on a plus ou moins appelés les Romantiques, Gautier, Janin, Banville, Houssaye, Méry, les Deschamps, de Vigny, Musset, Barbier, Baudelaire, de Belloy, Bouilhet, Vacquerie dans Antigone, Brizeux dans les Ternaires, Flaubert dans Salammbô, tous n’ont-ils pas multiplié les adhésions éclatantes au culte de l’antique Beauté. Et vous surtout, arbitre des élégances, Florentin du XVIe siècle égaré dans notre âge, convive des dieux, Paul de Saint-Victor, quels hommages étincelants n’avez-vous pas rendus dans votre style de lumière à cette Perfection qui pour toujours résidera dans les poëmes d’Homère et les marbres de Phidias ! Il fallait donc venir jusqu’à nos jours pour trouver des gens capables d’invectiver Phidias et Homère ! Nous n’avons pas besoin de

(1) Élude sur l’anthologie grecqui du 12 janvier 1861.