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BETTY PETITE FILLE

Betty railleuse pensa :

C’est de la blague, mais ils sont rudement malins tous les deux.

L’inconnu fit quelques pas auprès d’elles, il jura sérieusement que la température était printanière, le soleil charmant et Madame Cérisy plus charmante encore.

Elle reçut ce compliment avec une bienveillance aimable, montrant bien que pareille affirmation ne l’étonnait point.

Il fallut prendre le café à une terrasse proche. Madame Cérisy se défendit juste assez pour montrer qu’elle n’était pas une femme comparable à la tour Eiffel par exemple sur laquelle on grimpe pour cent sous. Mais au bout du compte elle accepta.

En suçant de la Bénédictine, elle se montra enjouée avec un brin de mélancolie comme il sied. Elle avait des moues gentilles, des plissements de paupières grivois, néanmoins elle écoutait les plus audacieuses obscénités, sachant par expérience que les choses ne commencent jamais autrement.

Une larme au bord de ses cils noircis de koheul, elle avoua son triste veuvage, présenta sa fille, l’unique descendante d’une noble famille.

Betty salua et se dit :