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BETTY PETITE FILLE

Mais Madame Cérisy se croyait en règle avec la morale, du moment qu’elle avait menti. En sa fille, elle possédait une confiance illimitée, ayant toujours arrêté les épanchements candides de la gamine par un désintéressement complet et une sévérité à contre-temps.

Pensive, Betty gagna sa chambre, mais se colla derrière la porte afin de ne manquer l’arrivée du visiteur.

Le timbre de l’entrée retentit ; elle tressaillit, son cœur se mit à battre violemment. Il semblait qu’un grand bonheur se préparait pour elle.

Elle se rejeta en arrière, fébrilement, repoussa d’une main tremblante les longs cheveux noirs qui lui descendaient sur le front et, coquette, jeta un coup d’œil à la glace. Mais elle se vit blême, les yeux brillants, noircis d’un cerne large.

Aucun bruit ne lui échappait, son imagination vive lui faisait voir en tableaux rapides les différents mouvements de tous : sa mère d’abord qui, sur le divan, prenait une pose abandonnée, s’essayant à sourire ; Léontine, le souillon hirsute et railleur, qui s’en allait ouvrir.

Des pas résonnaient dans l’antichambre, suivis d’un chuchotement de voix. Pourquoi ces gens parlaient-ils bas, s’ils ne commettaient une mauvaise action ?