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BETTY PETITE FILLE

Puis elle se figura auprès d’elle un personnage fictif : c’était l’homme qu’elle avait entrevu un instant plus tôt. Avec un sérieux imperturbable, elle joua une comédie puérile, mimant les gestes maternels. Elle saluait, souriait, avait des attitudes étudiées.

Mais elle se dévêtit ne conservant que sa courte chemise qui battait ses genoux ronds et charnus. Elle riait de se voir ainsi, en même temps elle s’enflammait, mettait un brasier ardent en son être nubile.

Citadine de quatorze ans elle avait les dix-sept printemps d’une campagnarde plus longue à se mûrir. Sa fragilité nerveuse avait encore avancé l’heure de la puberté. L’atmosphère lourde de sensualité, l’ambiance viciée avaient fait le reste. Elle était femme physiquement, quoique l’on se refusât à l’admettre. C’était l’époque où il aurait fallu l’éloigner de toute suggestion troublante et, au contraire, elle s’y trouvait plongée, enveloppée. De quelque côté que se tournât son regard, ce n’étaient que voluptés et sensualités. Dans la rue des mots résonnaient à ses oreilles qui laissaient une impression vive, partout étaient exaltées la beauté, la coquetterie de la femme. Pourquoi se serait-elle détournée ?

Des bruits de pas dans l’antichambre la firent