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BETTY PETITE FILLE


les dures nécessités de l’existence et constatait que sa mère se refusait à le remarquer.

Elle revit Morande, mais sa sénilité incapable d’un effort lui pesa, elle ne souhaita plus rien de lui et se détourna de son chemin.

Il ne restait plus que Léontine ou les éphèbes. La première tombée en quelques jours au dernier degré de l’aveulissement lui causait une sorte de dégoût mêlé de mépris. Elle n’admettait point qu’on ne fit de la prostitution avec élégance. Vendre son corps, à son avis, était un art qu’il ne fallait traîner dans la boue du ruisseau.

Elle retourna donc chez les jeunes gens. Ce fut à l’improviste qu’elle arriva un après-midi, le nez fureteur et l’œil allumé.

Elle trouva Max en pyjama rose et Charlotte vêtue d’un peignoir de gaze légère, plus transparente qu’une buée de printemps.

En la voyant, le succube eut un ricanement cynique et l’entraîna vers le divan. Max également se rapprocha. Ils formèrent ainsi un joli trio de puérile dépravation.

Les deux autres lui ressemblaient étrangement, en ce sens, que l’unique souci hantant leur esprit détraqué, était toujours la lubricité. Hors des plaisirs sensuels, rien ne les intéressait plus. Toutes