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BETTY PETITE FILLE

Au galop, elle descendit les escaliers, entra en trombe chez le pâtissier et hurla sa commande, en certifiant qu’elle était pressée.

Sa nervosité, sa colère transparaissaient dans ses moindres mouvements. On la servit en hâte, s’attardant encore trop à son gré.

Nantie de la glace, elle regagna la maison et gravit les marches avec une précipitation rageuse. Mais la porte de l’appartement fut ouverte en usant d’infinies précautions.

Ainsi elle pénétra silencieusement et franchit l’antichambre sur la pointe des pieds.

Le paquet, elle le déposa tranquillement sur le tapis et colla un œil à la serrure du boudoir.

Aussitôt, elle se recula avec un cri étouffé. En elle, il y avait une colère furieuse, une jalousie intense. Ce que l’éphèbe lui refusait avec tant de ténacité, il l’accordait à sa mère.

Et ce fut à cette dernière qu’elle en voulut, toute secouée d’un âpre ressentiment. Elle ne devinait pas sous la conduite du jeune homme, la puissance de l’argent, qui dompte les meilleures énergies.

Charles-Charlotte, au reste, se conduisait en habile séducteur, il avait tous les raffinements de la femme et la force du mâle. Ses biceps étaient solides et son étreinte vigoureuse, mais ses lèvres avaient des douceurs infinies.