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BETTY PETITE FILLE

Un moment tous trois se turent, troublés par cette conversation frappée au coin de la plus pure malhonnêteté.

Charles, s’enveloppant de son peignoir de soie, se leva et silencieusement prépara le thé. Betty se tourna vers Max et énervée, lui cercla le cou de ses bras. Soudain elle éprouvait un besoin intense de caresses, comme pour chasser la hantise qui la harcelait et puisque Charles se refusait à la satisfaire, elle essayait l’autre.

Mais l’éphèbe fit une volte-face brusque et fixant la gamine, cria d’un air farouche :

— Dis donc, tu vas le laisser tranquille !

Max s’éloigna en souriant et Betty ricana :

— J’vas pas t’ l’user !

C’était là une réflexion entendue jadis, et qu’elle répétait au hasard, fière de sa science.

Il prirent le thé et mangèrent des bonbons, Charles se livrait à ses petites mines de chatte, reniflait son mouchoir parfumé. Max riait du bout des lèvres, étudiant ses gestes, se mirant d’un coup d’œil de côté, en une grande glace appliquée au mur. Seule Betty restait naturelle, jugeant toutes ces mièvreries aussi ridicules qu’inutiles. Des trois, elle semblait la plus masculine.

Enfin elle s’en alla, avec au fond de son cœur, un remords aigu. Le soir en dînant de charcuterie,

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