Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
BETTY PETITE FILLE


troublait la raison ; elle voulait âprement goûter à la coupe qu’elle s’affirmait enchantée, à en juger par la soif de luxure que chacun manifestait autour d’elle.

Sans se douter du mal qu’il causait, Morande le parrain, s’attardait à ces contacts languides qui réchauffaient un peu son vieux sang. De ses mains, sous la robe légère, il devinait les formes déjà grasses et fermes, le corps mûri de la petite femme prête aux baisers. Mais en même temps, il ne voyait les grands yeux noirs qui se voilaient d’une buée trouble, ni la grimace de la bouche qui se crispait sous la tension nerveuse de la passion grandissante.

Il se complaisait à cette défloration morale, parce qu’il la trouvait jolie, avec ses petits seins ronds qui tendaient l’étoffe de la blouse, ses hanches dont la chair résistait sous la pression des doigts, ses cuisses fuselées qu’il se figurait tièdes et charnues.

Quand il la serrait un peu plus fort, elle avait pour lui un regard languide qui disait tout son désarroi sensuel, toute sa rage effrénée de connaître entièrement le grand secret qui l’intriguait.

Se croyant de l’honnêteté, il n’aurait même eu l’idée de profiter de cette innocence, pourtant tout au fond de lui-même, le désir grandissait.