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VINCENT VAN GOGH

A l’Exposition des Indépendants, parmi quelques tentatives heureuses et, surtout, parmi beaucoup de banalités, et plus encore de fumisterie, éclatent les toiles du regretté Van Gogh. Et devant elles, et devant ce crêpe noir qui les endeuille et qui les désigne à la foule indifférente des passants, l’on se prend d’une grande tristesse à penser que ce peintre si magnifiquement doué, que ce si frissonnant, si instinctif, si visionnaire artiste, n’est plus. La perte en est cruelle, autrement plus douloureuse pour l’art, et irréparable que celle de M. Meissonier, bien que le peuple n’ait pas été convié à de fastueuses obsèques, et que le pauvre Vincent Van Gogh, en qui s’est éteint une belle flamme de génie, s’en soit allé dans la mort, aussi obscur, aussi ignoré qu’il avait vécu ignoré et obscur dans l’injuste vie.