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CONTES.

 « Allons, il se fait tard, me voici, venez-vous ? »

« Il n’est plus temps, ma sœur, je suis trop accablée ;
Je ne puis plus me sauver de ce lieu.
Je vous regarde encor ; mais ma vue est troublée,
Mon corps brûle et languit : venez me dire adieu,
Je ne puis me mouvoir. Un grand feu me dévore ;
Mes ailes, je le sens, ne peuvent m’emporter ;
Voyez comme je suis ! mais soyez bonne encore ;
Si mon crime (il est grand !) ne peut se racheter,
Ne me haïssez pas, je n’étais pas méchante ;
La volupté trompeuse égarait ma raison.
Ce breuvage mortel dont l’ardeur nous enchante,
Que je l’aimais, ma sœur ! et c’était un poison.
Je me repens, et je succombe :
Sous une fleur creusez ma tombe,