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CONTES.

Que sa maîtresse un soir prit mon chant pour le sien.
On ne sait plus des deux quel est l’écho fidèle ;
Avec lui l’autre jour, je chantais ; mon modèle,
Qui reprenait haleine et voulait respirer,
Se tut, croyant encor s’entendre et s’admirer. »

« Moi, j’y cours, dit l’oiseau qui charme la souffrance ;
Le voyageur est triste, il faut chanter pour lui.
Si ma voix peut encor éveiller l’espérance,
Ah ! je n’aurai jamais chanté mieux qu’aujourdhui ! »
Il vole, son cœur bat, son aile tremble, il chante,
Plaint, et fait tressaillir l’étranger qu’il enchante,
Le plonge en des pensers tristes, délicieux,
L’étonne, le ravit, l’égare dans les cieux.
Par sa molle cadence il attendrit son ame ;
Puis, par un trait brillant qu’il prolonge à son tour,