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ÉLÉGIES.

Qu’il n’a jamais connu le baiser d’une sœur,
Et qu’à ses premiers cris une dure étrangère,
N’a jamais d’un sourire accordé la douceur,
Mais il nomme un ami : c’est ainsi qu’il appelle
Le seul que dans mon cœur j’osai nommer le mien :
Que ne l’a-t-il pris pour modèle ;
Il serait digne alors d’attester ce lien.
Est-il assez heureux ! peut-il être insensible,
S’il a de ses discours subi l’enchantement :
Quelle oreille inflexible,
L’entendrait vainement ?
Par quelle douce force il commande qu’on l’aime ;
Quelle grâce éloquente embellit sa raison ;
Quel empire modeste, et quel pouvoir suprême !
C’est celui de l’amour, c’est son plus doux poison.
Il avait dit un jour : « Que ne puis-je auprès d’elle, »
(Elle alors c’était moi) « que ne puis-je chercher,
« Ce bonheur entrevu qu’elle veut me cacher :