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ÉLÉGIES.

Lui-même il frémira du mal que tu me fais :
Il endormait mon âme aveuglée, asservie,
Il se taisait enfin, et moi… que je le hais.
Pour tromper tant d’amour qu’il s’imposa de peine,
Quelle humiliante pitié !
Mais toi, toi qui pour lui m’apportes tant de haine,
Ah ! prends-en la moitié !
Qu’elle attache à mes pleurs une longue puissance,
Qu’elle effraie à ton nom l’imprudente innocence,
Que ton cœur s’intimide à mes cris douloureux ;
Qu’il devienne sensible, et qu’il soit malheureux.
Oui, puisses-tu brûler, et languir, et déplaire,
Au jeune et froid objet qui saura t’enflammer ;
Ou plutôt… tremble au vœu qu’invente ma colère :
Puisses-tu long-temps vivre, et ne jamais aimer.