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ÉLÉGIES.

Par l’éclat des flambeaux je m’arrête éblouie.
Des danses, des parfums, des voix, des chants d’amour,
Remplissaient ce séjour :
Au milieu de l’encens qui formait un nuage,
J’ai vu d’un groupe heureux se balancer l’image ;
La plus belle au plus tendre abandonnait sa main :
C’était… l’ai-je rêvé ! c’était cet inhumain,
Comblé de tous les dons que l’amour nous envoie,
Plus qu’elle encor paré d’espérance et de joie !
Un prestige cruel m’attachait sur le seuil ;
Sous mon voile de deuil,
J’ai murmuré comme eux le chant de l’hyménée ;
Mais il était plus triste à mon âme étonnée,
Que le cri de l’oiseau qu’on entend soupirer,
Quand blessé sur la rive il est près d’expirer.
Dans l’ombre où m’enchaînait ma douleur curieuse,
Froide et silencieuse,
J’ai contemplé long-temps ma mort dans leur bonheur :