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ÉLÉGIES.

Auprès des feux éteints que ne puis-je dormir !
Car ce n’est plus pour lui qu’en silence éveillée,
La muse qui me plaint assise sur des fleurs,
M’attire dans les bois, sous l’humide feuillée,
Et répand sur mes vers des parfums et des pleurs.

Il ne lit plus mes chants, il croit mon ame éteinte ;
Jamais son cœur guéri n’a soupçonné ma plainte,
Il n’a pas deviné ce qu’il m’a fait souffrir ;
Qu’importe qu’il l’apprenne, il ne peut me guérir.
J’épargne à son orgueil la volupté cruelle,
De juger dans mes pleurs l’excès de mon amour :
Que devrais-je à mes cris ? Sa frayeur ? son retour ?
Sa pitié ?… C’est la mort que je veux avant elle.
Tout est détruit : lui-même il n’est plus le bonheur.
Il brisa son image en déchirant mon cœur.
Me rapporterait-il ma douce imprévoyance,