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ÉLÉGIES.

Qu’ilsmarchent tous ensemble, et qu’illes guide encore, Vers ces lauriers lointains que le bel âge adore. Cette foule riante à l’aspect d’un cercueil, Allez-vous la changer en cortège de deuil ? N’achèveront-ils pas leur veille harmonieuse ? En exilerez-vous sa voix mélodieuse ?

Le départ d’un ami rompt souvent tous les jeux ;

C’est un anneau brisé qui déjoint d’autres nœuds : Ah ! laissez-les chanter ! et que sa rêverie Porte un jour quelques fleurs à ma cendre flétrie ; Que des parfums si doux consolent mes cyprès, Qu’il vive de ma vie et je meurs sans regrets ! Ma vie hélas, c’est peu, mais il souffre et j’implore. Jetez, jetez sur moi ce mal qui le dévore, Qu’il vive enfin… (Cruel, juge si je t’aimais !) Qu’il vive pour un autre et m’oublie à jamais.

Dis, crois-tu que le ciel m’exauce et lui pardonne,