Page:Desbordes-Valmore - Élégies et poésies nouvelles, 1825.pdf/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
90
ÉLÉGIES.

« Un cri perçant rompt cette plainte amère, Et le lambeau s’agite, et le cri dit : Ma mère ! Et la mère éperdue a saisi son enfant, Et l’affreuse étrangère à peine le défend ; Elle fuit, elle roule au bas de la montagne, Et, commeunnoircorbeau, seperd danslacampagne. La véritable mère écarte les lambeaux ;

Ses yeux long-temps éteints, pareils à deux flambeaux, S’allument. « C’est mon fils… qu’il est pâlel » Elletombe, Sous l’excès du bonheur la nature succombe ;

« Car on dirait que, créés pour souffrir, Nous ne pouvons qu’à peine être heureux sans mourir. Mais l’enfant la caresse ; il la rappelle, il pleure ; Il arrête son âme aux lèvres qu’il effleure, Et son corps délicat, par sa mère entouré, Palpite et tremble encor d’en être séparé. « Ne tremble plus ; c’est moi.Vois-tu ; je suis ta mère, « Oh ! mon fils ! C’est mon fils, regardez-le, mon père ;