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LES PLEURS.

Ma pauvre lyre, c’est mon ame,
Et toi seul découvres la flamme
D’une lampe qui va mourir.

Devant tes hymnes de poète,
D’ange, hélas ! et d’homme à la fois,
Cette lyre inculte, incomplette,
Long-temps détendue et muette,
Ose à peine prendre une voix.

Je suis l’indigente glaneuse
Qui d’un peu d’épis oubliés
A paré sa gerbe épineuse,
Quand ta charité lumineuse
Verse du blé pur à mes pieds.

Oui ! toi seul auras dit : — Vit-elle ? —
Tant mon nom est mort avant moi !
Et sur ma tombe, l’hirondelle
Frappera seule d’un coup d’aile
L’air harmonieux comme toi !

Mais toi ! dont la gloire est entière
Sous sa belle égide de fleurs,