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LES PLEURS.

Sous l’érable sonore où palpite sa flamme,
Pour répondre toujours à celui qu’elle aima !
C’est sur ce cœur voilé qu’il frappe ses prodiges,
Et ses sanglots d’amour, et sa prière aux cieux,
Et tous ses cris délicieux !
Ils sont deux ! toujours deux au fond de leurs prestiges :
Elle ! à lui demander de toujours la chérir,
À lui reprocher, lui ! d’avoir voulu mourir.

Oh ! comme ils s’isolent ensemble
Pour causer de ciel et d’amour !
L’heure sans nom qui les rassemble
N’a plus de nuit, n’a plus de jour :
Leur chaste et brûlante souffrance
S’abreuve en tremblant d’espérance ;
Car, dans un profond souvenir,
Que de croyance et d’avenir !

Mais quand il faut enfin retomber sur la terre,
Recueilli tout entier dans son double mystère,
Savourant pour sa soif encore un peu de miel,
Avant d’abandonner le ciel,
Son génie altéré s’y plonge et s’y replonge,
Comme un baiser qui se prolonge
S’attache à des lèvres de feu,
Pour suspendre long-temps un impossible adieu !