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LUCETTE.

pour avoir dormi long-temps après l’aurore ; elle voulut se lever ; mais elle chancela de faiblesse, et retomba sur son lit. Marguerite l’y fit rentrer avec tendresse, lui porta du lait chaud, y joignit des paroles d’espoir ; et Lucette parut un peu plus calme, quoique triste et abattue. Sa mère s’assit près d’elle ; et, la voyant en état d’être un peu saisie de joie, elle lui dit : Lucette, tu me parais malheureuse, et je t’ai pardonné. D’où vient ton ennui ? Est-ce de n’avoir point dansé l’autre jour comme tu voulais ? de ne pouvoir choisir un berger pour te conduire ; et que tu n’aimes plus à rester dans le rond des petites filles ? — Oh ! ma mère ! répondit Lucette avec un profond soupir, je sais bien à présent que je n’y puis songer avant deux années et bien des jours, sans offenser vous et Dieu ; et comme j’aime mieux être morte que