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LUCETTE.

que s’il avait été malheureux comme elle, il était encore plus heureux !

Il revint le soir, mais il revint seul ; car sa mère avait envoyé Rose aux champs. Lucette était habillée, sa tête n’était plus penchée ; elle se relevait comme une rose après l’orage, quand le soleil en a séché la pluie. Alexis, qui cultivait des fleurs depuis qu’il aimait Lucette, le pensa de même, en la regardant sourire à travers la fenêtre où elle l’attendait. On peut avouer qu’elle sentit du plaisir en le voyant arriver seul ; elle avait tant de choses à lui dire, que sa chère Rose aurait pu s’ennuyer.

Marguerite avait beaucoup à faire, à ranger, déranger ; aussi leur laissa-t-elle cent momens, dont les uns étaient remplis d’un babillage vif et animé, du récit des grands événemens qui venaient de se succéder si vite ; et d’un silence que