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LUCETTE.

le vœu qu’il avait fait pour l’orpheline.

Je ne sais quel instinct curieux m’avait poussé vers cette scène étrange. Je ne pus ni parler, ni pleurer, ni gémir. J’approchai du pasteur, qui me fit signe, et je portai avec lui cette tendre et pieuse bergère dans la demeure du vieillard, qui pleurait. Les vêtemens mouillés qui enveloppaient la jeune fille, en rendaient le triste fardeau si lourd, que son poids m’a étouffé plus de vingt ans… Ici le vieux pâtre s’arrêta, fixant les yeux sur l’herbe, comme pour reprendre haleine ; puis il ajouta :

Le cruel Amour ne revint plus, même dans la saison des violettes ; et son château est demeuré en horreur au village, que j’abandonnai bientôt après, pour en chercher un moins malheureux.

Fin de l’histoire de Claire.