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MARIE.

beau, caché dans l’herbe, au pied d’une colline, était oublié des autres. Marie en avait seule retenu le chemin. Jamais elle n’avait évité d’y passer, jamais elle n’en approchait sans joindre avec ferveur ses deux mains, en offrant à Claudine une prière simple et touchante, et le bouquet de sa colerette.

C’est là que la bergère aux yeux noirs avait porté sa rêverie ; c’est là que le berger voyageur l’eût trouvée, s’il avait osé la suivre autrement que des yeux. Le départ du jour, l’ombre des arbres, l’avaient dérobée à ses regards inquiets ; quand il les ramena autour de lui, il fut surpris de ne pas voir tout le monde attristé de l’absence de cette jeune fille.

Le jour enfin s’éclipsa tout-à-fait. Julien le remarqua tout haut. Annette l’observait tout bas. On rentra en tumulte au village, et l’on chantait encore. Le berger n’entendait plus ; il cherchait dans la foule. Que