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MARIE.

tait dit à elle-même. Marie est orpheline et maîtresse de son héritage ; mon étranger est pauvre, mais il est jeune et beau ; je les verrai peut-être un jour entrer à l’église comme Annette et Julien. Tous deux s’arrêteront aussi devant moi, en souvenir du jour où je le fis descendre dans la plaine. Cette idée la rendait fière et joyeuse. L’adieu d’Olivier dissipa ce beau rêve ; on les aime à tout âge ; Geneviève perdit celui-ci à regret ; elle n’avait plus guère de rêves à recommencer. — Adieu donc, mon fils, lui dit-elle, je ne saurais blâmer ni louer votre courage ; mais je vois qu’il faut vous plaindre, et je vous plains. Que le ciel vous conduise et vous ramène ! Oui, je le prierai pour Marie, qui est une si bonne bergère. Il saura bien, s’il lui plaît, défaire tout l’ouvrage du méchant pâtre qui vous fait fuir. — Oh ! ma mère, dit Olivier, je ne fuis pas ! je m’en vais pour le repos de cette belle Marie. Hélas ! je ne puis l’ho-