Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2
L’ARBRISSEAU.

Ses printemps ignorés s’écoulaient dans la nuit ; L’Amour jamais d’une fraîche guirlande A ses rameaux n’avait laissé l’offrande : Il fait froid aux lieux qu’Amour fuit. L’ombre humide éteignait sa force languissante ; Son front pour s’élever faisait un vain effort ; Un éternel hiver , une eau triste et dormante Jusque dans sa racine allait porter la mort. « Hélas ! faut- il mourir sans connaître la vie ! » Sans avoir vu des cieux briller les doux flambeaux, » Je n’atteindrai jamais de ces arbres si beaux » La couronne verte et fleurie !

» Ils dominent au loin sur les champs d’alentour ; » On dit que le soleil dore leur beau feuillage ; » Etmoi , sous un jaloux ombrage > Je devine à peine le jour ! » Vallon où je me meurs , votre triste influence » A préparé ma chute auprès de ma naissance. Bientôt, hélas ! je ne dois plus gémir ! Déjà ma feuille a cessé de frémir ..... » Je meurs , je meurs. » Ce douloureux murmure Toucha le dieu protecteur du vallon . | C’était le temps où le noir Aquilon Laisse, en fuyant, respirer la nature. C Non , dit le dieu : qu’un souffle de chaleur Pénètre au sein de ta tige glacée.