Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
94
ÉLÉGIES

www
ÉLÉGIES.

LA PROMENADE D’AUTOMNE.
Ta souvient-il, ô mon âme, ô ma vie,
D’un jour d’automne et pâle et languissant ?
Il semblait dire un adieu gémissant
Aux bois qu’il attristait de sa mélancolie.
Les oiseaux dans les airs ne chantaient plus l’espoir ;
Une froide rosée enveloppait leurs ailes,
Et rappelant au nid leurs compagnes fidèles,
Sur des rameaux sans fleurs ils attendaient le soir.
Les troupeaux, à regret menés aux pâturages,
N’y trouvaient plus que des herbes sauvages ;
Et le pâtre, oubliant sa rustique chanson,
Partageait le silence et le deuil du vallon.
Rien ne charmait l’ennui de la nature.
La feuille qui perdait sa riante couleur,
Les coteaux dépouillés de leur verte parare,
Tout demandait au ciel un rayon de chaleur.
www

Seule, je m’éloignais d’une fête bruyante,
Je fuyais tes regards, je cherchais ma raison.
Mais la langueur des champs, leur tristesse attrayante,
A ma langueur secrète ajoutaient leur poison.
Say

www