Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
104
ÉLÉGIES

ÉLÉGIES.
Abandonnez vos fleurs au courant du ruisseau ;
Doucement entrainé par l’eau,
Qu’un bouquet vous annonce à son âme enchantée.
Vous la verrez sourire, en attirant des yeux
Ce don simple apporté par le flot du rivage ;
Et cherchant à fixer votre mobile image,
Tressaillír à vos cris joyeux.
104

Je l’aurais vue, au temps où j’excitais l’envie,
Même en vous caressant, rêver à mon bonheur.
Cette suave joie, où se plongeait mon cœur,
N’est plus qu’un poison lent distillé sur ma vie.
Mon triomphe est passé, le sien croît avec vous ;
C’est à moi de rêver à son bonheur suprême ;
Elle est mère, et je pleure. O sentiment jaloux !
On peut donc vous connaître au sein de la mort même ?
Mais pour un cœur flétri les pleurs sont un bienfait ;
Le mien a respiré du poids qui l’étouffait.
Celui de votre mère en tremblant vous appelle ;
Courez, enfant, vous jeter dans son sein.
Ce jour est sans nuage ; oh ! passez-le près d’elle :
Un beau jour a souvent un affreux lendemain.
Ne foulez plus cette herbe où se cache une tombe ;
D’un ange vous troublez le tranquille sommeil.
Dieu ne m’a promis son réveil,
Qu’en arrachant mon âme à mon corps qui succombe.
Say