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ÉLÉGIES

ÉLÉGIES.
Mon mal est dans sa vue, et lorsque j’y succombe
Mon mal doit vous toucher, ce n’est pas le remord.
Cachez-moi dans vos bras, dans la nuit, dans la tombe ;
Je demande à le fuir, je ne crains plus la mort.
Venez s’il descendait sur la plage déserte,
Un charme sur mes pas attirerait ses pas :
Prête à me confier à la vague entronverte,
Je lui dirais adieu…… je ne partirais pas.
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Il sait tout. O ma sœur ! il demandait mon âme.
Nos regards se parlaient malgré nous confondus.
Tout baignés de tristesse, et de pleurs et de flamme,
Dans ses regarde si doux les miens se sont perdus.
Et je fais ! et des cieux la pitié m’abandonne !
Je ne les verrai plus, ils étaient dans ses yeux.
Si tu voyais ses yeux ! Oh ! l’ange qui pardonne
Doit regarder ainsi quand il ouvre les cieux !
J’étais seule avec lui, j’écoutais son silence ;
L’heure, une fois pour nous, perdit sa vigilance.
Contre un penchant ai vrai, si long-temps combattu,
Ma sœur, je n’avais plus d’appui que sa vertu.
Pour arracher mon cœur à sa peine chérie,
Et distraire du sien la sombre rêverie,
Je cherchais le secours de ces accords puissans
Qui de plus d’un orage avaient calmé ses sens.
Deady