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ROMANCES

LE CHIEN D’OLIVIER.


Pour trouver le bonheur, je me ferai bergère :
Le bonheur est aux champs, s’il existe pour moi !
Oui, du temps, au hameau, la course est plus légère ;
La veillée est paisible, et la nuit sans effroi.
Le laboureur, couché sous son toit de fougère,
Ne dormirait pas mieux sur l’oreiller du roi.

D’un simple ajustement j’ai déjà fait l’emplette :
On ressemble au Plaisir, sous un chapeau de fleurs ;
Les prés m’en offriront pour garnir ma houlette ;
On n’y forcera point mon choix pour leurs couleurs ;
J’y mêlerai le lis à l’humble violette,
Sans crainte qu’un bouquet me prépare des pleurs.

Des moutons, un belier, deux agneaux et leur mère,
Composeront ma cour, mon empire et mon bien.
L’écho me distraira d’une douce chimère
Que je veux oublier, aussi je n’en dis rien ;
Et pour me suivre aux bois, où je suis étrangère,
Il me faudrait encore… il me faudrait un chien.