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ROMANCES

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LA

PASTOURELLE.

Elle s’en va la douce pastourelle, Elle retourne où l’attend le bonheur. Je ne vis plus, faut m’en aller, dit-elle ; Faut m’en aller où j’ai laissé mon cœur. » Un beau pasteur me le retint pour gage : On veut un gage en perdant le bonheur. M’en vas chercher le gardien et l’otage ; Me faut mourir ou retrouver mon cour. » Racontez-nous, pastourelle naïve, Votre aventure et celle du pasteur. » C Non, non, dit —elle, avec sa voix plaintive ; Ne parlerai qu’en retrouvant mon cœur.

» Sur cette rive, où je suis étrangère, On m’obligeait à chanter le bonheur. Bonheur perdu rend la voix moins légère ; N’ai jamais su chanter qu’avec mon cour. » Tous les matins, ainsi que l’alouette, Nem’éveillais qu’en chantant le bonheur ; Puis du pasteur j’écoutais la musette, Et je trouvais un écho pour mon cœur.